Ahram Lee est une artiste coréenne installée en France depuis dix ans. Par un travail elliptique et minimal, elle a su éviter les pièges des représentations identitaires aux accents souvent trop politiques, psychologiques et littéraux engendrés par cette migration. Ses pièces, sans doute en réaction à notre culture occidentale, refusent tout attachement à la matière. C'est de temps et d'expérience, dont il est question dans le travail d'Ahram. Elle sait transposer par des objets ou des mots, toujours en attente de lecture et d'appropriation, la nécessité du temps de mutation pour arriver à une traduction parfaite et sereine. Si le langage a une place pré-dominante, il ne devient jamais traduction de ce travail que l'on ne comprend pas « du premier coup d'oeil. » Elle se joue du sens et se contredit pour, une fois encore, nous éloigner de l'étiquetage rassurant usuel.
Elle crée des expériences où cette potentielle re-fonctionnalisation n'existe que si elle en offre le mode d'emploi. Le partage de son point de vue avec le lecteur est incontournable.
Cette oscillation entre deux latitudes, présente dans la pièce De l'équateur au pôle nord, ne montre aucune préférence entre la première et la deuxième latitude : le crayon souligne ici la quête permanente et contradictoire du repère. « Ne pas perdre le Nord » comme les aiguilles des boussoles de Turn the table pour mieux s'en détacher et assumer par la même un choix forcément riche d'expériences opposées.

Alexandra Lécuiller

 

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