Young & Restless chez Vidéochroniques
Amour, gloire et beauté Young & Restless réunit sept artistes « jeunes et agités » de Marseille et d’ailleurs, partageant une certaine posture de la performance sans happening. Ici, la perf’ participe au processus de l’œuvre mais se fait discrète dans son rendu visuel. A découvrir (vite !) chez Vidéochroniques.
Amour, gloire et beauté : c’est tout ce que l’on souhaite à ces sept artistes. Surtout la gloire, parce que leurs boulots, si jeunes soient-ils, ne déméritent pas. Ne démérite pas non plus l’œil avisé de l’équipe de Vidéochroniques, qui sait déceler dans les ateliers des façons de faire renouvelant le propos et la pratique de l’art contemporain. Tout est bien dans le meilleur des mondes quand les artistes talentueux reçoivent le soutien des « puissances instituantes »1. Car si le regardeur fait l’œuvre, l’institution fait l’artiste. Marie-José Mondzain a beau dénoncer la marchandisation de l’art, force est de constater que ces institutions, peu enclines à la prise de risque, misent la plupart du temps sur des artistes bankables.
En ce qui concerne Thomas Couderc, Guillaume Gattier, Ahram Lee, Gaëlle Le Floch, Elodie Merland, Vivien Roubaud et Ugo Schiavi, on peut espérer qu’ils sont sortis d’affaires puisque « révélés » par Vidéochroniques.
Alors qu’est ce qui fait que Young & Restless est au moins aussi réjouissante que la Biennale de Lyon ? Refusant, à l’instar d’Eric Troncy, de voir l’art contemporain s’embourgeoiser dans des formes très « art-contemporanisantes »2, l’exposition de Vidéochroniques ne rabâche pas des codes formels en vogue. En témoigne le génial Guillaume Gattier, chez qui la performance se lit en amont de ses pièces. D’aussi loin que je me souvienne enroule 500 films 35 mm (bandes annonces de cinéma des années 90 à nos jours). Comme la coupe d’un tronc d’arbre, l’œuvre répond du temps qui passe autant dans son objet que dans sa forme. Chez la non moins géniale Ahram Lee, le geste est systématiquement performatif. Avec humour, comme dans Une chance sur, installation où le spectateur doit retrouver la bonne combinaison on/off des trente interrupteurs pour allumer l’ampoule. Ou avec beaucoup de poésie, comme dans De l’équateur au Pôle Nord, très grand dessin au crayon et à la règle répétant inlassablement le geste de l’artiste, qui optimise la fatigue de la mine traduite par l’épaississement du trait…
Texte : Céline Ghisleri
http://www.journalventilo.fr/2012/01/25/young-restless-chez-videochroniques/